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(12.10.2007)

Conférencière : Karin Schuler

Le BigBrotherAward 2007 dans la catégorie « monde du travail » est remis à

Novartis Pharma GmbH, Dr. Peter Maag (CEO)

pour la surveillance de ses employés et la violation des droits fondamentaux individuels.

Qu’est-ce que l’on attend d’une entreprise qui s’est imposé à elle-même de différentes manières un comportement irréprochable ? Prenons comme exemple le code des membres de l’association « autocontrôle volontaire pour l’industrie de la pharmacie« . Une entreprise qui s’est ralliée à une initiative « FairCompany » pour démontrer qu’elle est une entreprise loyale, qui revendique publiquement sa volonté de concilier travail et vie de famille, qui se vante d’occuper un des premiers rangs sur une liste d’évaluation indépendante de „bons employeurs“, qui fait la promesse de respecter les droits de l’homme et d’offrir de bonnes conditions de travail dans ses directives « Corporate Citizenship » – que va-t-on attendre d’elle ?

De toute façon, celui ou celle qui croit que les engagements pris par l’entreprise soient tenus, est déçu; la firme n’est apparemment pas capable de mettre en pratique le code de conduite qu’elle s’est imposé.

Quand on est en déplacement, la réalité semble s’orienter plutôt à un « état de guerre » qui a été évoqué il y a quelques années – c’était quand le directeur du service des produits pharmaceutiques de la maison mère Novartis AG encourageait les visiteurs de médecins et pharmacies à accomplir des performances records avec la formule: « Kill to win – no prisoners » (Tuer pour gagner – pas de prisonniers). Au plus tard à ce moment il était évident que l’entreprise ne croyait pas vraiment à l’harmonie présentée dans ses beaux prospectus, et que tout le monde soit beau et gentil. Même si le choix des mots a dû être modéré après les protestations, comme on peut toujours lire dans les dossiers actuels de Novartis Pharma Gmbh Allemagne, des termes martiaux dominent la communication interne : « Le meilleur produit, les meilleures armes »,  » streetfighting » (combat de rue), marginaliser sans compromis le collègue et l’attaquer ». Comment peut-on « écraser » avec respect ?

Pouvoir faire ce grand écart n’est pas donné à chaque visiteur de médecin. Tout le monde n’arrive pas à tenir les objectifs imposés (nombre de visites de médecins et pharmacies), tout en restant sur le bon chemin. Que cette pression conduise à « adapter » un peu ses résultats si on ne veut pas perdre une partie importante de ses revenus semble inévitable.

La nécessité de surveillance peut être justifiée par cette situation dont la société est elle-même responsable. Par conséquent, l’entreprise ne mène plus un combat contre la concurrence, mais contre ses employés. Dans le choix des moyens, elle n’est plus très regardante. Non seulement elle encourage les visiteurs à dénoncer les collègues, elle leur envoie des détectives qui notent minutieusement chaque visite et chaque geste. D’après la devise « quand on cherche, on trouve », chaque « trouvaille » permet de se séparer au plus vite d’un l’employé surveillé. Une telle surveillance qui viole le respect de la vie privée semble faire partie des mesures, car même le comité d’entreprise en informe les employés. On est en droit de se demander pourquoi le comité d’entreprise ne protège pas les employés de tels actes, au lieu de les en informer seulement.

Le rapport insouciant aux droits des employés et le non-respect des engagements de la part de l’entreprise sont systématiques. Il n’y a pas d’autres explications pour le fait que le service du personnel retourne une auto-évaluation « anonyme et confidentielle » aux employés, de façon personnalisée et avec des observations.

Alors, on n’est plus étonné quand on apprend qu’on essaie d’empêcher la participation aux réunions du comité d’entreprise, qu’on publie des listes de congés de maladie, et que le courrier adressé au comité d’entreprise soit régulièrement ouvert.

Novartis Pharma GmbH a encore des choses à améliorer au sujet de la protection des données.

Dr. Maag – félicitations pour le BigBrotherAward !

source: bigbrotherawards.de

4 Responses to “BigBrotherAward Allemagne, catégorie „monde du travail“”

  1. Marie-H dit :

    Bonsoir Stephan!
    Ben oui, cela ne m’étonne guère ! Après l’affaire Lidl il y a 2 mois et à présent la « Bespitzelungsaffäre » de la Deutsche Telekom, tous les paris sont ouverts! De toute façon, l’affaire des « Betriebsrat » ne peut rien y faire. En Allemagne, cette définition du comité d’entreprise n’est pas du tout la même qu’en France. En France, un comité d’entreprise n’a pas le pouvoir de décider si on embauche ou pas. En Allemagne, oui. Mais comme les « Betriebsraete » sont à la merci des patrons, ils ne servent à rien. Je suis simplement d’avis que ce qu’il manque en Allemagne pour la protection des travailleurs et employés, c’est simplement un véritable droit du travail.Quelquechose qui soit vraiment de l’ordre de la loi et pas quelquechose d’aussi archaïque et incompréhensible pour le commun des mortels comme la « Arbeitsschutzgesetz – ArbSchG ».
    Dans le mot Arbeitsschutz, il y a schutz! donc protection. En réalité sur le marché du travail, un employeur agit tel qu’il le veut jusqu’0 ce qu’un employé n’ayant pas peur de se retrouver sur la selette ne réagisse. ET comme, ici, les Allemands ont tellement peur de faire partie de ces « Arbeitslosen » ( chômeurs ») pour lesquels on paie chaque mois bcp de charges sociales, eh bien, ils avancent tête baissée, jusqu’à ce qu’un scandale éclate. Crois-moi,Stephan, les scandales tels que les derniers cités, ne sont que les premiers de la liste, à mon humble avis.

  2. Marie-H dit :

    Autre chose, si tu es France ce moment, achète le Spiegel de cette semaine ! Enfin, je suppose que tu l’as déjà acheté !

  3. Stephan M. dit :

    Bonjour Marie-H, tout d’abord soit la bienvenue ici!
    Les différences que tu pointes concernant le droit du travail dans les deux pays sont très intéressantes et à creuser.

    Crois-moi,Stephan, les scandales tels que les derniers cités, ne sont que les premiers de la liste, à mon humble avis.

    Je te crois sur parole. L’histoire de Lidl est inoui (et malheureusement banale, je le crains). Déjà en 2004 le syndicat Ver.di a publié le « Schwarzbuch Lidl » (livre noir Lidl) qui parle des conditions de travail dégradantes des employers. Premier BigBrotherAward pour Lidl en 2004 également. En 2005 Attac commence une campagne contre le discounter. En 2006 paraît de « Schwarzbuch Lidl Europa » (livre noir Lidl Europe). On pourrait croire que les dirigents de Lidl lèvent un peu le pied, mais non, ça continue. Voici un lien du blog de ver.di sur la dernière affaire Lidl.

    Sinon, je n’ai fait une sélection ni selon l’actualité ni selon la gravité des violations de la sphère privée – mon projet étant simplement la traduction des BigBrotherAwards (BBA) Allemagne 2007 pour mettre ces informations à la disposition du public francophone. Au fur et à mesure, je rajouterai une traduction des BBA 2007 – et s’il me reste du temps entre d’autres sujets, je traduirai aussi les BBA Allemagne plus anciens. Ils paraîtront aussi sur le site d’origine bigbrotherawards.de.

    Je suis en France, je n’ai pas encore le nouveau Spiegel, je l’achète rarement ici. C’est pour l’affaire « Deutsche Telekom » que tu me le conseilles?

  4. Marie-H dit :

    Pardon, Stephan, je ne me suis pas connectée depuis sur ton blog.
    Oui, oui, c’était pour la spitzenaffäre de le DT.