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L’entreprise Ixion, implantée dans la Saxe et à Hambourg, est spécialisée dans la construction mécanique. En 2006, l’entreprise rencontre des difficultés et demande à ses salariés de faire des efforts: renoncer aux congés payés et au 13e mois de salaire, travailler plus sans gagner plus, pour garantir le maintien des emplois. Les salariés se défendent, et l’un d’eux écrit de façon anonyme un article sur le portail d’orientation de gauche syndicaliste www.labournet.de. Exaspéré par le « chantage des patrons« , ce salarié formule : « Ça ne se passe pas toujours sans anicroches, comme se l’imaginent les capitalistes, les attaques sur les salaires et sur les conditions de travail ».

C’en est trop. Ixius porte plainte pour insulte aggravée et diffamation contre Labournet et Mag Wompel, rédactrice responsable, et Labournet est demandé ne plus écrire sur la firme. Avoir été désigné de « capitaliste » et voir qualifier les exigences de la direction (faire des concessions ou licencier) de « chantage » ne plait pas à la direction d’Ixius. Où irions-nous si cette réalité devenue banale de nos jours soit exprimée publiquement ? Ces « diffamations » porteraient un préjudice commercial à l’entreprise. D’après l’avocat d’Ixius, le mot « capitaliste serait clairement un jugement négatif et une insulte« . Réponse de Mag Wompel dans une interview avec Manuel Christa sur Radio Z (radio libre allemande) : « Nous serions heureux si le mot capitaliste était enfin devenu une insulte.«  Elle précise qu’à aucun moment, Ixius n’avait essayé de présenter une autre version des faits. De plus, Ixion a demandé à Labournet de révéler l’identité de l’auteur. Labournet s’y refuse, se référant au droit de la protection des témoins. Les deux parties se sont rencontrées une première fois devant le juge le 29 février 2008. À cette occasion, l’avocat d’Ixius a présenté une plainte modifiée d’après quoi le procès a été renvoyé à une date ultérieure. Le juge a précisé que si la plainte n’avait pas été modifiée, labournet aurait été relaxé dans tous les chefs d’accusation. Dans le langage courant, les mots « capitaliste » et « chantage » seraient utilisés sans être une insulte. En outre, l’information anonyme ainsi que la recherche journalistique ferait partie de la liberté de la presse. Mais l’avocat d’Ixius est un malin, il a trouvé autre chose : c’est Labournet qui doit maintenant démontrer les faits avancés, soit le chantage au licenciement. À suivre…

Intéressant à ce sujet : Labournet n’est pas à son premier procès. En 2006, Labournet avait distribué des tracts devant la « Bundesagentur für Arbeit » (Anpe-Assedic) à Bonn avec des informations destinées aux « chômeurs Hartz 4″ (10 conseils pour demandeurs d’emploi pour ne pas se laisser faire ). Ces tracts ressemblaient à une lettre d’information de la Bundesagentur für Arbeit, ils contenaient un lien hypertexte sur www.labournet.de/agenturschluss et étaient signés « kommando Paul Lafargue ». Cela avait suffi au procureur pour déclencher une perquisition et la saisie des ordinateurs.

Labournet s’attend à une nouvelle perquisition, car leur adversaire voudrait connaître l’identité de l’informateur, mais « Labournet est prêt ».

Sources:
berlinonline.de
Aktion Agenturschluss
Radio Z (creative commons)

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