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Il est intéressant d’observer comment des services compétents réagissent sur les demandes et protestations légitimes des réfugiés à Katzhütte : intimidation, punition, expulsion, diffamation. Voilà un communiqué de

« Karawane für die Rechte der Flüchtlinge und MigrantInnen »[1]
Sektion Nord / Koordinationskreis Hamburg

La protestation des réfugiés de Katzhütte pour la fermeture du camp retiré, composé de quelques baraques vétustes, pousse les administrations de Thuringe à des actions furibondes de punition. Ils en veulent particulièrement à Mohammed Sbaih, désigné porte-parole des réfugiés protestants, qui a informé le public de leur demande. La sous-préfecture de Saalfeld tente de minimiser les conditions catastrophiques au camp de Katzhütte, mais ne peut nier qu’elle a laissé habiter sciemment adultes et enfants dans des chambres envahies de moisissures.

Entre-temps, la stratégie des services administratifs en réaction des protestations des réfugiés concernés devient claire. Pendant que de petites négligences sont avouées en public et des travaux aussi superficiels qu’inutiles sont commencés pour calmer le jeu, les réfugiés, qui maintiennent leur demande de fermeture, seule solution sensée, seront soumis à d’importantes menaces.

Les services administratifs essaient maintenant d’expulser Mohammed Sbaih dans l’espoir de faire taire ainsi les autres réfugiés.

Pour ce faire, la sous-préfecture de Thuringe emploie des méthodes qui à notre avis sont illégales.

Quand la protestation des réfugiés a commencé il y a quelques semaines – la situation n’était plus supportable, particulièrement pour les enfants qui tombaient souvent malades – le service d’immigration avait informé Monsieur Sbaih qu’il pourrait faire une demande de transfert (dans un autre camp, ndt.), et s’il n’était pas content, il pouvait toujours rentrer en Palestine. Les protestations ont continué malgré tout, mais Monsieur Sbaih et Monsieur Sajren ont été transférés de force à Eisenach/Thuringe du nord resp. Greiz/Thuringe du sud par la police. Cela s’est passé le 6 mai au matin. Les protestations contre les mesures de punitions ont été ignorées. Monsieur Sbaih a été diffamé comme un provocateur de troubles et comme une personne d’ « influence négative ». Un avocat a porté plainte contre le service d’immigration pour l’hébergement mettant la santé en danger et pour la mesure de coercition contre Monsieur Sbaih.

Toutes les méthodes d’intimidation jusqu’à présent n’ont pas réussi à faire taire la protestation. Aujourd’hui on a annoncé à Monsieur Sbaih son expulsion. Il devrait être expulsé le 21 mai à 14h, de Frankfort-sur-le-Main à destination de Amman en Jordanie. La lettre de notification n’a été donnée à Monsieur Sbaih que lorsqu’il l’a exigé. Le service d’immigration a voulu lui reprendre la lettre qui pourtant était adressée à Monsieur Sbaih. Il a gardé donc gardé sa lettre, mais le service a illégalement gardé le document de Monsieur Sbaih qui tolère son séjour en Allemagne.[2]

On peut lire dans la lettre : « Votre expulsion à Palestine (Ouest-Jordanie) le 21 mai 2008« , donc il est clair que la procédure d’expulsion est bien en route. D’après l’administration, Monsieur Sbaih devrait faire une demande de visa d’entrée/de transite et le payer. Puis il est demandé de prendre un taxi qui le conduirait à la frontière. Là il doit demander un visa d’entrée pour la Ouest-Jordanie et marcher à pied dans ce pays occupé, en prenant le pont du roi Hussein.

La lettre explique que si Monsieur Sbaih ne suit pas volontairement les consignes, la force policière sera appliquée. En outre, les services de Jordanie pourraient l’arrêter s’il refuse de collaborer.

C’est un scandale que la sous-préfecture de Thuringe prévoit l’expulsion dans un pays voisin du pays d’origine, un pays qui n’est en aucun cas compétent pour Monsieur Sbaih. Il y a même un grand risque (le service allemand l’indique lui-même !) que Monsieur Sbaih soit arrêté. Les réfugiés palestiniens vivent en Jordanie sous des conditions très dures. Un autre problème pratiquement insoluble est qu’une entrée en Ouest-Jordanie n’est possible qu’en passant par des services de l’occupation israélienne, ce qui montre doublement l’absurdité du projet de la sous-préfecture de Thuringe.

D’après notre vision, cette expulsion est clairement illégale.

Le cabinet d’avocats Nerlinger/Töpfer à Hambourg a fait une demande d’urgence contre l’expulsion au tribunal d’administration Meiningen. Une décision est attendue pour demain.

Nous protestons sévèrement contre le procédé des administrations de Thuringe à l’encontre de Monsieur Sbaih. C’est une honte qu’une administration allemande réagisse à une demande légitime pour un hébergement digne avec répression et expulsion.

Il est perfide que le sous-préfet Marion Philipp (SPD) tente de rendre l’organisation de réfugiés « The voice Refugee Forum » responsable de ce que fait la sous-préfecture aux réfugiés à Katzhütte. Citation : « Les représentants auto-déclarés feraient leur campagne nationale contre les lois d’asile sur le dos des persécutés qui voulaient seulement trouver la paix dans des hébergements comme à Katzhütte. »

C’est le sous-préfet qui est responsable que des gens habitent dans des baraques plein de moisissures et dans l’isolation pendant des années, et c’est encore le sous-préfet qui répond répression et expulsion aux protestations qui sont venues après une longue souffrance. Maintenant il y a un public au-delà des frontières de l’Allemagne qui s’intéresse à cela, et il porte un regard d’étonnement et de révulsion sur cette évolution à Katzhütte et Saalfeld/Rodolstadt.

Le réseau « Caravane pour les droits des réfugiés et migrants » fait un appel à toutes les organisations et personnes à se montrer solidaire avec Mohammed Sbaih et les réfugiés à Katzhütte.

Nous demandons les administrations de Thuringe d’arrêter immédiatement la procédure d’expulsion et de fermer enfin le camp de baraques à Katzhütte.

« Karavane für die Rechte der Flüchtlinge und MigrantInnen »
Sektion Nord / Koordinationskreis Hamburg
c/o Brigittenstraße 5, 20359 Hamburg,
Tel: 0049-(0)40-43 18 90 37, Fax: 0049-(0)40-43 18 90 38

Source : thevoiceforum.org

Je remercie l’organisation « Karavane… » de m’avoir permis la traduction et la publication.


[1] Caravane pour les droits des réfugiés et migrants – association de soutien
[2] Il faut bien utiliser le verbe « tolérer » , car c’est bien un statut administratif qui est « en dessous » d’un permis de séjour. C’est un séjour toléré à durée (inconnue et) limitée.

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