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C’était en 1993 quand le gouvernement allemand avait donné le coup de grace au § 16a, loi inscrite dans la Constitution qui régit la demande d’asile en Allemagne. Malgré cela, et au grand regret des services d’immigration, il y a des réfugiés inexpulsables, qui, après des années de galère et d’humiliation, ont réussi à se construire un semblant de vie ordinaire. Mais ils ne sont pas à l’abri de l’énergie criminelle, sadique de quelques administratifs, et ils ne le seront jamais. À chaque pays ses Hortefeux. Voici l’histoire de Gazale Saleme, une histoire d’expulsion parmi tant d’autres.

Laissez rentrer Gazale Salame !
Pour une politique humaine des réfugiés !

Quand Gazale Salame fut expulsé d’Allemagne, un jour de février il y a trois ans, elle avait déjà vécu ici pendant 17 ans. Dans son enfance, elle a échappé avec ses parents à la guerre civile au Liban et a atterri en Allemagne. À l’aube, la police est venue dans la maison de la mère de trois enfants. Son mari était sur la route pour amener les deux enfants plus âgés à l’école. Enceinte et avec son plus jeune enfant sur ses bras, la mère de 23 ans a dû monter dans un bus de la police. Elle n’a pu dire au revoir ni a son mari ni à ses enfants. La destination était la Turquie – un pays qu’elle n’a connu que lors d’un passage et dont elle ne connaît pas sa langue.

Cela fait maintenant trois ans que la famille est déchirée. Les enfants et les parents souffrent beaucoup de la séparation. Gazale Salame vit avec les deux jeunes enfants à Izmir en Turquie. Ahmed Siala, son marie, avec les deux plus âgés dans la commune de Hildesheim. Gazale Salame lutte contre la dépression et a un risque élevé de suicide. Le nouveau gouvernement du land de la Basse-Saxe doit enfin s’occuper à réunir la famille !

Gazale Salame n’a aucun lien avec la Turquie, elle est née en 1980 à Beirut. Ses parents apatrides vivants au Liban avaient, pour organiser leur évasion pour l’Allemagne, demandé des passeports turcs, en mentionnant des ancêtres en Turquie, et ils les avaient obtenus. Ensuite ils sont venus en Allemagne en passant par la Turquie. Malgré son jeune âge – elle n’avait que six ans – ce détail a été fatal à Gazale Salame : D’après le ministère de la Basse-Saxe, la famille n’aurait pas dû obtenir un permis de séjour – elle serait d’origine turque et non libanaise.

Gazale Salame était parfaitement intégré : Elle a fait toute sa scolarité en Allemagne, s’est mariée et a eu ses enfants. Elle et son mari parlent couramment allemand : son mari est gérant d’une boucherie et fait vivre sa famille.

Toutefois : Le ministère veut aussi expulser Ahmed Siala, qui a ses origines au Liban, ainsi que ses deux enfants nés en Allemagne. En annulant le permis de séjour, il veut forcer Ahmed Siala à s’en aller en Turquie, malgré le fait qu’il n’ait jamais mis les pieds dans ce pays et qu’il ne sache pas comment il pourrait y entretenir sa famille.

En juin 2006, le tribunal administratif de Hanovre a déclaré l’annulation du permis de séjour pour illégale. Pendant deux mois, le père de famille a cru qu’il pourrait avoir de nouveau un permis de séjour. Alors sa famille aurait pu être réunie. Mais le ministre de l’intérieur de la Basse-Saxe, Uwe Schünemann, a donné l’ordre à la circonscription de Hildesheim de faire appel contre la décision. En octobre 2007 le tribunal administratif supérieur a cassé la décision antérieure du tribunal administratif. Une procédure de révision du tribunal administratif fédéral est en attente.

Le cas Salame/Siala est symptomatique pour la politique d’immigration noire-jaune(1) en Basse-Saxe. Pendant la campagne électorale, le président du Conseil des ministres Christian Wulff (CDU) et Philipp Rösler, tête de liste du FDP, se sont donnés une image libérale. Mais leurs partis portent la responsabilité d’une politique de réfugiés qui est inhumaine – des pratiques d’expulsions à la dure et une application extrêmement restrictive du droit de séjour.

Le ministre de l’intérieur a donné l’ordre aux services d’immigration d’augmenter le nombre d’expulsions et ne plus prendre en compte comme obstacle à l’expulsion ni maladies ni traumatismes causés par la guerre. En outre, ils (les services) sont tenus d’appliquer le droit du séjour avec la plus grande retenue. Les services d’immigration doivent refuser le droit de séjour même si le demandeur d’asile présente une attestation de travail – si une retraite suffisante dans l’avenir ne sera pas garantie(2).

D’autres raisons pour un refus du permis de séjour sont des infractions mineures. Il suffit qu’un réfugié n’ait pas présenté à temps son passeport ou n’ait pas pris des initiatives pour se procurer des papiers qui permettent sa propre expulsion(3).

Il faut que ces traitements inhumains des réfugiés cessent. Le gouvernement qui vient d’être élu en Basse-Saxe doit commencer un nouveau chapitre dans la politique des réfugiés. Nous vous demandons de mettre fin à la séparation inhumaine de la famille de Gazale Salame et de donner un permis de séjour pour l’Allemagne à tous les membres de la famille. Pour Gazale Salame, son mari et leurs enfants, chaque jour de plus de séparation est une souffrance.

Envoyez notre protestation au président du Conseil des ministres Christian Wulff (CDU) et au président du groupe parlementaire FDP Philipp Rösler.

(source : www.campact.de)

(1) CDU-FDP, ndt.
(2) Consignes aux services d’immigration du Land Basse-Saxe de la part du ministère de l’intérieur, à propos de l’application du droit de séjour, copie d’une réunion du 11.9.2007 ; page 39. (On voit bien que les motifs des refus sont d’ordre financier ; un « bon » réfugié est un réfugié qui ne coûte rien ; ndt.)
(3) Voilà encore une aberration typiquement « allemand » : Tu ne peux rester que si tu nous procure des papiers qui nous permettent de t’expulser. Si tu ne présente pas les papiers d’expulsion, on t’expulse. Si tu les présente, on peut t’expulser. Du pur Kafka. Ndt.

Depuis l’expulsion de Gazale Salame, de nombreuses manifestations et actions ont lieu. Il y a des comités de soutien, des équipes rendent régulièrement visite à Gazale en Turquie pour la soutenir et pour informer les média en Allemagne de sa situation. Le 30 septembre 2007, le mari de Gazale n’a, à ce jour, jamais vu son fils qui est né en Turquie. Les chaînes de télévision NDR, Pro 7 et Spiegel TV suivent la décision du tribunal administratif supérieur. Le tribunal décide d’expulser aussi le mari de Gazale. Les médias parlent d’une « naturalisation turque forcée ».

Le 30 janvier 2008, un membre du comité de soutien de Gazale commence une grève de la faim. 8 et 10 janvier 2008, deux églises à Hildesheim soutiennent le retour de Gazale.

Le 9 février, manifestation à Hildesheim.

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