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Voilà un nouveau « pétage de plomb » en Allemagne. Dans la région de Cologne, un demandeur d’emploi, poussé à bout par une fonctionnaire zélée, désespéré, l’attrape à la gorge. Résultat: il est accusé de « tentative de meurtre ».

Ce ne serait pas le premier chômeur qui aurait perdu ses moyens, face à des brimades à répétition, et ce ne sera pas le dernier. Combien de chômeurs doivent encore craquer avant que l’augmentation des pressions sur eux s’arrête ? C’est toujours pareil. Il faut des morts, avant qu’un problème dans la société soit pris au sérieux.

(Je pense à la série des suicides sur le lieu du travail. Je pense aux suicides en milieu carcéral qui sont le résultat d’une politique de l’autruche et l’idéologie qui mène à la surpopulation, au manque de suivi etc. La liste des exemple serait longue)

En septembre 2007, un allocataire de Hartz 4 menace deux employés d’une Arge (ArbeitsGEmeinschaft, fusion entre la Bundesagentur für Arbeit (agence fédérale du travail) avec le service « Sozialhilfe » (RMI)) à Aix-la-Chapelle avec une arme à feu. Non seulement le chômeur sera accusé de « prise d’otage », mais aussi des membres d’une association de soutien de chômeurs, qui ont osé exprimer une certaine compréhension pour leur « collègue » d’infortune qui a perdu ses nerfs. Ils ont osé voir l’incident dans un certain contexte et l’écrire sur leur site internet. Résultat : Ils étaient tous accusé pour « appel à la violence ». (Si on ne crie pas avec les loups, on est un criminel. La contestation sociale n’est non seulement indésirable, mais criminalisée.)

Deuxième « incident » : Un jeune chômeur, psychiquement malade, fragile, qui, totalement découragé, se laisse mourir de faim, car la BA (Bundesagentur für Arbeit) avait coupé les allocations à lui et à sa mère. « On n’y est pour rien » a dit texto quelque responsable. Jamais personne n’est pour rien. On fait juste son boulot. Pardon, je l’ai mal cité, c’était : « C’est la procédure« . Excusez-moi.

Le nouveau cas est un allocataire de Hartz 4 à Mühlheim, une ville de la banlieue de Cologne. Lui aussi est psychiquement malade. Ce n’est pas seulement l’avocat de la défense qui se pose la question des brimades et du harcèlement. Le demandeur d’emploi, Joseph, avait essayé pendant des années d’obtenir des prestations auxquelles il avait droit, mais en vain. Il est au chômage depuis 12 ans. Un jour à l’Arge, c’est la méchanceté de trop, il craque : il saisie l’agent à la gorge et lui dit : « Maintenant c’est votre tour, je vous tue« .

Sur le banc de l’accusé, on voit bien son désespoir quand il raconte, maladroitement, rempli de honte, ce qui l’a poussé à agir ainsi. L’agent lui demandait les mêmes documents, encore et encore, car ils étaient toujours « perdus ». Joseph avait la crainte de se retrouver sans électricité, toujours en attente de son allocation qui n’arrivait pas. Prévoyant, il passait ses soirées dans son appartement avec une lampe de poche pour réduire au stricte minimum sa consommation d’électricité. Quand la GEW (l’équivalent d’EDF en France) l’informe qu’il a un excédent sur sa facture (car il a été très économe), l’Arge refuse tout de suite de lui verser l’aide à l’électricité, et « oublié » ensuite de reprendre les versements quand l’excédent est épuisé.(1) Joseph fait une réclamation, il a droit à cette aide, mais l’Arge ne donne pas suite. En revanche, la GEW lui réclame maintenant des frais de rappel. « Je faisais des chauchemars, j’étais complètement angoissé comment continuer, j’étais à bout » raconte Joseph. Il a voulu se suicider, et il ne sait plus comment il a pu commettre ce geste violent.

Au procès, la conseillère raconte qu’il y a eu « des problèmes de versement ». En ce qui concerne la perte à répétition des dossiers de Joseph, ce serait parce que cette antenne de l’Anpe n’existait que depuis deux ans, et « il faudrait un peu plus de temps pour que tout marche bien« . Explication bien maigre. Il faut combien d’années pour que le dossier d’un chômeur ne se perde plus ?

L’avocat de Joseph pense qu’une condamnation pour tentative de meurtre n’est pas fondée. À aucun moment il y a eu préméditation.

Source: ksta.de (Kölner Stadtanzeiger, LE quotidien pour la région de Cologne)

(Le jugement a été rendu le 20 juin, mais il n’a pas encore été publié. Je l’ajouterai dès que je l’ai trouvé.)

(1) C’est un parfait exemple de sadisme. Si le chômeur ne mange pas pendant une semaine et fait ainsi une économie, l’allocation sera réduite à la hauteur de l’économie faite par le jeûne. Dans cette logique, il peut renoncer à toute prestation sociale, car il pourrait faire les poubelles, dormir sur un banc, ne pas se soigner, et crever, si possible, sans déranger. L’inventivité sadique de quelques agents « exécutants » , soi-disant au service de la bureaucratie étatique, m’étonnera toujours. S.M.

2 Responses to “Un chômeur allemand accusé de tentative de meurtre d’une agent d’Anpe”

  1. Max dit :

    Je ne suis responsable de rien, j’ai juste fait rouler les trains, c’était la procédure….. Ça me rappelle quelque chose

    Eternelle chanson, jamais aussi bien mise en musique que par Bob Dylan:
    How many times…. combien de temps certaines personnes peuvent-elles détourner leur regard, avant de voir les gens qui pleurent….?

  2. maguy dit :

    J’ai honte, j’ai mal. Comme dit Max, cela ramène à des temps pas si anciens, puisque ma mère vit encore et l’a vécu.

    Quand on trouve « normal » qu’un citoyen qui a aussi des droits se trouve avec des « problèmes de versement », comment ose-t-on se référer à des erreurs, appuyées par le sadisme de certains employés pour laisser un être humain crever dans son coin ?

    Le procès pour « tentative de meurtre » est mal visé à mon avis, beaucoup de fonctionnaires, ou pire, d’employés du privé devraient y être confrontés. L’incompétence, doublée d’impertinence, de sadisme et même d’un pouvoir de voir un humain privé de ses droits les plus stricts, ça s’appelle comment ?

    Un employé sadique, malfaisant ne faisant pas son boulot aurait plus de valeur sur le marché des humains qu’un homme essayant maladroitement de faire valoir ses droits ?

    Si on m’agresse de façon spontanée, je risque de filer une claque, alors ????

    Mais la non-reconnaissance du droit de vivre à une personne, bien qu’ayant des droits ne compte pour rien ???? C’est d’une violence inouïe, brutale.

    La lâcheté n’a pas de nationalité, tu me connais assez pour savoir que je le sais Stephan. Là, ça fait mal et j’ai l’impression qu’on n’a pas encore touché le fond de l’ignominie, ni en Allemagne, ni en France.

    Je disais cette semaine encore à un copain allemand que Angela était pour moi du même tonneau que Thatcher (moins unsympatisch). En bon bourgeois, il ne comprenait pas, jusqu’au moment où il se rappelait qu’un maire avait décidé d’OBLIGER tous les habitants de la commune à s’équiper d’ampoules « basse tension ». Il était outré, que l’on intervienne dans son intimité. En plus, c’est moche et on n’a pas trouvé le moyen de liquider ces ampoules plus polluantes, mouarf !

    J’ai fait un parallèle avec les « chômeurs », cette sous-classe, avec ces gens qui veulent décider jusqu’à la couleur de nos slips (désolée…. je ne vois pas de smileys)

    Il commence à comprendre…

    Désolée, j’ai un peu dévié oups, mais je pense surtout à tous ces gens un peu fragiles, parce que non épaulées, même beaucoup d’assoc ne comptent que sur leurs subventions et oublient les hommes qui souffrent, ce n’est pas leur problème…