Feed on
Posts
Comments

(version du plan Hartz fin 2005, quelques durcissements depuis)

Vous êtes au chômage, vous avez épuisé vos droits en Alg1 ou vous n’y avez jamais eu droit, vous allez donc demander l’Alg2. (Arbeitslosengeld 2). Ce que témoignent les demandeurs dépend de la personne qui va traiter leur dossier. Parfois cela se passe bien, mais souvent c’est un moment humiliant. Vous découvrez que vous n’êtes plus un citoyen ordinaire qui dispose de ses droits élémentaires, comme le droit au respect à la vie privée, le droit au secret bancaire, ou le droit au respect tout court, et vous commencez à perdre la maîtrise sur votre vie. Ça peut être un moment douloureux ou déprimant. Quand je lis les témoignages que je trouve dans les forums de soutien entre chômeurs, au bout d’un moment j’arrête, car c’est trop violent. Mais regardons les faits:

Lors de votre demande d’Alg2, vous devez vous mettre à nu. On vous posera des questions sur votre vie personnelle, votre famille, vos relations et vos ressources. On vous demandera des extraits de vos comptes, parfois les 6 derniers mois (ce qui est illégal, mais si vous n’obtempérez pas, le conseiller peut vous bloquer le dossier, et le temps d’obtenir justice, vous avez le temps de crever de faim).

Vous devez accepter n’importe quel travail, que vous soyez capable de l’effectuer physiquement, psychiquement ou moralement, et c’est votre conseiller qui en décidera. Le travail n’a pas besoin d’avoir un quelconque lien avec votre expérience et votre formation.

Vous devez accepter toutes les mesures d’insertion proposées par votre conseiller (des stages non rémunérés, des ateliers d’écriture de CV => on vous prépare consciencieusement au marché des bas salaires, l’Allemagne étant l’un des 4 pays européens de l’UE27 qui n’a toujours pas un SMIC).

Si vous ne suivez pas les ordres de votre conseiller ou si vous refusez une „proposition“, votre allocation sera baissée de 30% au premier refus, puis de 60 ou de 100% au deuxième refus. Certains coûts de candidature peuvent être remboursés, mais l’administration n’en a pas l’obligation. (Encore au bon vouloir du conseiller) Un jeune de moins de 25 ans se voit supprimer l’Alg2 de 100% dès le premier refus. Les possibilités pour vous pousser hors du système sont quasiment illimitées.

Vous vivrez avec 345 euros par mois si vous habitez à l’Ouest, et avec 331 euros à l’Est. Votre loyer et les charges seront payés si votre appartement est « conforme » aux exigences de la BA (beaucoup ont froid en hiver)…

Vous devez répondre présent dans les 24 heures suite à une convocation par courrier. Encore un bon moyen de radier, car si la lettre arrive un jour plus tard, vous ne pouvez pas venir à la convocation et c’est fini. (A partir du 1er août 2006, les administrations peuvent appeler les chômeurs de longue durée à la maison pour exiger d’eux des informations.) Vous devez demander l’autorisation si vous voulez partir plus que 24 heures.

Vous devez vendre votre voiture si elle a une valeur supérieure à 5.000 euros pour en acheter une moins chère, et vous vivrez de la différence, car votre allocation sera suspendue à hauteur de l’excédent. (Ce montant a été augmenté à 7500 euros par la décision du tribunal fédéral du contentieux social en septembre 2007. Les chômeurs doivent cette décision à la plainte d’un soldat de réserve de 49 ans, qui, entre deux missions au Kosovo, demanda l’Alg2 et se heurta à un refus de la BA, qui estimait la valeur de la voiture du militaire à plus de 5000 euros. D’après l’avis du tribunal, un chômeur qui dispose d’une voiture d’une valeur de moins de 5000 euros risque de tomber en panne ou d’avoir des réparations à faire, ce qui ne favorise pas une recherche ou une reprise du travail. Le problème comment on paie une assurance, l’impôt et l’essence d’une voiture avec 345 euros par mois est une autre paire de manche.)

Vous habitez dans un appartement « trop grand » aux yeux de la BA (environs 45m² pour une personne seule), alors on vous demandera de déménager dans un appartement plus petit au plus tard dans 6 mois. On a vu des aberrations de déménagements payés par la Bundesagentur pour des appartements plus petits, donc conformes aux exigences de superficie, mais plus chers que l’ancien appartement „trop grand“.

Vous avez économisé pour votre retraite, comme le gouvernement vous le demande depuis des années : on vous laisse vos économies à hauteur de 200 euros par année de vie. Exemple : Vous avez 43 ans et vous avez demandé l’Alg2. De votre capital retraite, vous pouvez garder 43 x 200 = 8.600 euros. Tout capital supérieur à cette somme doit être consommé avant de pouvoir prétendre à une aide financière. Donc si vous aviez un bon emploi et économisé 50.000 euros pour votre retraite, vous devrez dépenser 41.400 euros avant de pouvoir toucher l’Alg2. Certains biens sont exclus de la consommation obligatoire, comme la propriété d’un appartement que l’on habite (s’il n’est pas trop grand…) ou une retraite complémentaire bien spécifique. Mais les assurances vie, bijoux ou d’autres biens de valeur, le livret d’épargne pour les études de vos enfants mineurs!! et d’autres prévoyances financières pour la retraite doivent être consommées.

Vous avez un petit boulot pour mettre un peu de beurre dans les épinards : vous avez le droit de garder 20% du fruit de votre travail, les 80% restants seront déduits de votre allocation Alg2. Si vous travaillez plus de 15 heures par semaine, vous ne recevrez plus l’Alg2 (peu importe combien vous gagnez) car vous ne serez plus considéré comme demandeur d’emploi !

Votre conseiller vous demandera d’effectuer job à 1 euro. C’est soi-disant un travail d’intérêt général (qui souvent créé de nouveaux chômeurs, car il remplace le travail qui était auparavant effectué par de vrais salariés) rémunéré 1 euro de l’heure et que vous avez généreusement le droit de garder en complément de votre Alg2. C’est une activité „rémunérée“ qui se trouve en dehors du Code du travail : Vous n’avez pas le droit de grève, vous n’avez pas de contrat de travail, vous n’avez pas de vacances, et vous n’avez pas le droit de décliner cette « offre » d’activité sous peine de voir vos 345 euros amputés de 10 à 30 %. Vous n’avez pas de supérieur hiérarchique. Si vous êtes malade, vous devez fournir une attestation d’un médecin, et pendant votre absence votre „rémunération“ de 1 euro ne vous sera pas payée. (Depuis 2007 on voie quelques jobs à 1,50 euro, quelle aubaine!)

Plus de secret bancaire pour vous. La Bundesagentur für Arbeit (BA – ANPE/Assedic allemande) peut se renseigner – et se renseignera – sur les mouvements de tous vos comptes, sans que vous en soyez informé, et sans décision de justice, sans soupçons fondés. La simple „inspiration“ de votre conseiller suffit, et la banque donnera les renseignements sans rechigner. Si la BA découvre un versement que vous n’avez pas déclaré, vous serez puni par une baisse d’allocation et on vous accusera d’avoir fraudé. (Il vaut mieux ne pas avoir d’activité sur E-bay : vous vendez l’armoire de cuisine de votre mère-grand et lui donnez l’argent de la vente. Alors pour la BA c’est un „revenu non déclaré“, donc baisse d’allocation. Vous vendez un truc dont vous n’avez plus besoin pour avoir un petit plus, mais en vain : la somme de la vente sera déduite de votre allocation. Plus de cadeaux d’anniversaire ou de Noël pour vous. Les 50 euros offerts par votre famille seront enlevés de votre allocation. Si vous ne les déclarez pas, vous êtes un fraudeur.

Vous aurez parfois la visite de « fouineurs sociaux » qui exigeront de voir votre chambre à coucher et compteront les brosses à dents dans la salle de bain pour savoir si vous vivez vraiment seul(e). Une brosse à dents de trop et vous êtes soupçonné(e) de vivre en couple, ce qui entraînera des difficultés.

Vous partagez un appartement comme le font toujours nombre d’Allemands : l’exigence de preuve que votre colocataire(trice) n’est pas votre amant(e) est renversée. C’est à vous de démontrer à la BA qu’il s’agit d’une simple colocation. Et comment le prouver ? En laissant entrer les « fouineurs sociaux » qui chercheront des traces de « vie de couple ». Votre appartement n’est plus votre espace privé et inviolable, comme c’est garanti par la loi. Ce droit fondamental n’est réservé qu’aux gens qui travaillent.

Votre oncle décède et vous héritez d’une somme de 20.000 euros. Votre allocation sera alors interrompue jusqu’à la fin de la consommation de cet héritage.

Recevant l’Alg2, vous cotisez à votre retraite : vous capitalisez… 2,64 euros par année de chômage en Alg2 !

Bon, pour l’instant j’arrête la liste, mais sachez qu’elle est plus longue. Il y a encore des informations du même style concernant les héritages et les obligations alimentaires envers les membres de la famille. Je les réserve peut-être pour un autre article.

Ce qui se discute en ce moment (Hartz V) est une baisse de l’Alg2, associée avec la possibilité de ne garder que 20% de l’argent que vous gagnez. Donc, c’est une obligation de travailler à tout prix pour au moins pouvoir revenir au niveau des 345 euros que vous aviez auparavant. Les critiques posent la question de savoir ce que feront les personnes pour qui il n’y aura pas de travail même dans le secteur des bas salaires – et n’ont pas obtenu de réponse des responsables politiques. Devront-ils vivre avec 300 ou 250 euros par mois ? (octobre 2007, cette discussion est entérrée)

Donc comme on peut le voir, ces mesures visent à minimiser à tout prix les dépenses et à créer un marché de stages-1 euro-bas salaires au profit du capital.

Pour faire passer cette pilule très amère, le gouvernement doit recourir à la propagande du « chômeur fainéant » et du « parasite social ». La solidarité entre ceux qui ont encore un travail et les demandeurs d’emploi est quasi inexistante. Dans un jeu politico-médiatique, les gouvernants dressent les salariés contre les chômeurs, les salariés étant eux-mêmes angoissés de perdre leur emploi et agacés de voir leurs salaires baisser, tout en ayant l’impression qu’ils soutiennent financièrement le demi-million de chômeurs.

Vous rajoutez à cela les émissions de télévision hebdomadaires (RTL) où l’on présente quelques cas sociaux qui se vantent devant plusieurs centaines de milliers de spectateurs en affirmant qu’il n’ont pas envie de travailler, car avec les allocations et un peu de travail au noir ils vivraient bien mieux que les « imbéciles » qui bossent 45h par semaine, et le tour est joué. (Personne n’a jamais eu l’idée de demander si ces „cas sociaux provocateurs“ ont une « indemnisation » de la part de RTL. Ils mériteraient bon salaire, car ils rendent un grand service au gouvernement en diffusant une image du parasite sociale, et c’est avec ce type d’émission que RTL fait de l’audimat)

Une enquête sociomédicale a avéré une augmentation significative de la consommation de psychotropes comme suite à des souffrances psychiques chez des personnes sans emploi et des personnes qui sont menacées de perdre leur travail.

Au moment où j’écrivais cet article, les manifestations du lundi étaient en train de s’arrêter, et une certaine léthargie ou fatalité s’était propagée. Aujourd’hui les „Hartzis“ sont mieux organisés, résistent, se défendent. Ça se passe moins dans la rue, mais plus dans les associations, des réseaux et sur internet. Les BA qui outrepassent les lois sont nombreuses. Mais les chômeurs commencent à se défendre, à porter plainte, et souvent les décisions de justice remettent les administrations à leur place.

Le drame du plan Hartz est que c’est l’Etat qui organise délibérément la chute libre dans la pauvreté. La personne qui a cotisée pendant 30 ans, qui s’est construit une petite existence et qui à l’age de 50 ans est mise à la porte, doit, après une année d’Alg1 (une allocation plus importante avant Alg2) épuiser le fruit de toute une vie de travail, et puis, une fois pauvre, elle le restera. La Fédération sociale allemande compte avec une pauvreté de masse pour le troisième age.(1) (2) Cela me dresser les cheveux quand j’entends discuter „les élites“ sur la nécessité des mesures, car Hartz 4 „motiverait“ le chômeur sénior de reprendre rapidement un travail. Explication: „Hartz 4 commence à être opérant“, comme j’ai entendu parler quelques rédacteurs en chefs. Les séniors retrouveraient plus facilement un travail. Une assurance chômage trop longue dans le temps auraient motivé le sénior de partir trop tôt en préretraite. C’est encore la faute du fainéant sénior. Ces „spécialistes“ n’ont jamais l’idée que c’est l’entreprise qui a imposé ses préretraites. Si le sénior refusait la proposition, il aurait été licencié quand-même, et ceci par harcèlement. Donc entre le harcèlement/placard et une préretraite financée avec une indemnisation et l’assurance chômage, on ne réfléchit pas longtemps. Les quadras et quincas d’auhourd’hui ont une peur bleue d’être licenciés, même avec une meilleur croissance. Mais c’est toujours parail : c’est plus facile de pénaliser l’individu sans emploi que de pénaliser l’entreprise qui licencie. Le fouet pour les uns et le susucre pour les autres. C’est le „consensus“ des élites, des gens qui ne se trouveront jamais dans une telle situation, qui est exaspérante.

(1) Altersarmut – Sozialverband Deutschland
(2) 30 pourcent des Allemands sont menacé de pauvreté quand ils seront agés

9 Responses to “La vie d’un „Hartzi“ – une dégringolade sociale”

  1. Romane dit :

    Bonjour,

    je lisais hier vos articles sur les lois Hartz et me disais qu’on allait bientôt connaître cela en France. Aujourd’hui, je tombe sur un article d’Actuchomage, association de chômeurs en France, qui relate ce jour les échos de la presse allemande sur l’ère Sarkozy, venant ainsi confirmer mon pressentiment de la veille. http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=3206
    J’avais pris connaissance ultérieurement de cette loi effroyable qu’est Hartz IV sur le blog Le Monolecte que je lis régulièrement. Cette loi me glace le sang. aucun mot ne me vient à l’esprit pour qualifier cette horreur. La seule réflexion qui m’était venue à l’esprit est que si cela arrivait en France, les gens se révolteraient. Aujourd’hui, j’en doute. Mais je reste consternée et profondément déçue, interloquée, impuissante et désespérée aussi sans doute face à l’absence de réactions populaires en nombre face à ce genre de loi. Parce que je m’étais demandé aussi pourquoi les Allemands n’étaient pas descendus dans la rue pour manifester contre cette loi (si j’ai bien compris ?). (Y a-t-il eu des mouvements, des actions de chômeurs et précaires, des réactions ?) Mais je suis consciente aussi que les précaires, dont je suis, ont tellement honte de leur situation, qu’ils n’osent pas bouger. Et de me faire parfois la réflexion, que si tous les précaires, Français et Allemands, et d’autres européens d’ailleurs, se mettaient à bouger … On est tellement nombreux.

  2. S.M. dit :

    Bonjour,

    Aujourd’hui, je tombe sur un article d’Actuchomage, association de chômeurs en France, qui relate ce jour les échos de la presse allemande sur l’ère Sarkozy, venant ainsi confirmer mon pressentiment de la veille.

    L’auteur de cet article, du billet sur le plan Hartz sur le Monolecte et de ce blog sont identiques ;-)

    …Mais je reste consternée et profondément déçue, interloquée, impuissante et désespérée aussi sans doute face à l’absence de réactions populaires en nombre face à ce genre de loi.

    Il est vrai qu’en Allemagne on ne trouve pas les grandes manifestations comme les manifs contre le CPE par exemple. Néanmoins, il y a une résistance, récalcitrante, « butée », courageuse, d’un certain nombre de groupes militants, dont les grandes médias se garde bien d’informer le public pour ne pas encourager les citoyens concernés à se révolter.

    Dans ce contexte, je renvoie à la lutte et aux grèves des conducteurs de trains en Allemagne, un conflit qui a commencé cet été et qui dure. Les grèves, temporairement empêchés par la direction de la Deutsche Bahn qui ont obtenu un décrêt provisoire d’interdiction de grève du tribunal de Nuremberg, durent depuis plus d’un mois et posent désormais un sérieux problème à l’écononmie et au paysage syndicale. On voit avec quel hargne la direction de la Deutsche Bahn voulait empêcher une grève – droit fondamentale, non inscrit mais déduit de la Constitution allemande.

    Y a-t-il eu des mouvements, des actions de chômeurs et précaires, des réactions ?

    Un exemple parmis d’autres est l’action du « Erwerbslosenforum » , qui ont occupé le 1er et 2 octobre l’ »ARGE » de Cologne-Mühlheim (une sorte d’antenne d’une Anpe) malgré le déploiement d’une bonne centaine de policiers, pour exiger le paiement mensuel de façon ponctuel et l’arrêt des brimades, coercicions et humiliations à l’encontre des demandeurs d’emploi. (À une jeune femme sans emploi était « suggérée » de façon musclée de fournir un échantillon d’urine pour éventuellement bénéficier d’une mesure d’insertion aidée par l’État. L’expertise qui était basée sur l’échantillon d’urine que la jeune femme a donnée sans son consentement, a été effacée plus tard sous les yeux de témoins d’un comité de soutien).

    Les gens du Erwerbslosenforum se mouillent vraiment, risquant une criminalisation de leurs actions pourtant citoyennnes. Un ou plusieurs billets sur les mouvements militants en Allemagne sont prévus.

    C’est l’un des but de ce forum: divulger des informations qui sont tues dans les médias, et ceci au-delà des frontières, pour soutenir et encourager la résistance.

  3. Romane dit :

    bonjour,
    merci de votre réponse.
    je vous adresse mes pensées les plus solidaires et merci aussi de nous informer sur la situation en Allemagne car bien entendu les média français ne divulguent aucune information concernant la situation de votre pays. et d’aucun autre d’ailleurs.
    à bientôt de vous lire.

  4. Marie-H dit :

    Bonjour,
    Tout d’abord: bravo pour ce blog! Je cherchais depuis quelques temps des informations sur la façon de vivre et de réagir en Allemagne et, là, je suis tombée de haut. Quoique…. En fait, pas trop… J’habite à Berlin depuis Janvier 2007 et je travaille aussi… pour un salaire de misère!
    En fait, depuis que je suis ici, j’ai du mal à comprendre que les Allemands ne se révoltent pas. Ils acceptent tout, sans broncher. Moi, évidemment, avec mes racines latines , je monte assez vite en pression mais, depuis quelque temps, je commence à me résigner et à comprendre ces gens: à quoi bon perdre son énergie pour quelquechose qui ne changera rien et qui ne changera pas. Il suffit de voir comment cela se passe dans les entreprises ici. Le mot « démocratie » est une utopie. Rien que le fait de tenter d’avoir une discussion avec des cadres dirigeants par le biais d’une pétition a valu le licenciement direct de 3 de mes collègues néerlandais. En fait, plutôt que de discuter sérieusement de certains points, ici, on vous montre bien que l’exemple à suivre est de fermer sa G.. et ,bien sûr, de continuer à travailler comme si de rien n’était. J’en suis encore choquée. Pourtant, l’Allemagne est un pays que j’adore et les gens qui vivent ici, à Berlin, sont absolument gentils et agéables. C’est dommage que rien ne leur soit épargné.
    Stephan, tu devrais faire un article sur une autre aberration allemande puisque tu a mentionné dans celui-ci le secret bancaire, à savoir la SCHUFA ! Plus de secret bancaire, mais, en réalité, une parfaite réinvention de l’ex-Allemagne de l’ouest de ce qui se faisait en RDA et dont je ne mentionnerais pas le nom.

  5. Stephan M. dit :

    Bonjour Marie-H,

    Et bienvenue ici. Merci pour ton témoignage que je trouve très intéressant. Sur quel motif tes trois collègues ont-ils été licenciés ?

    La résistance du gouvernement, de l’industrie et des entrepreneurs contre un salaire minimum légal au niveau national est absolument énorme. L’Allemagne devient concurrentielle en partie sur le dos des bas salaires, tellement bas parfois qu’un salarié travaillant à temps plein doit demander un complément financier à la « Bundesagentur für Arbeit » (ANPE/Assedic allemande). Tout en travaillant, on est en quelque sorte chômeur, c’est navrant. Les membres de la SPD qui a oublié le « S » depuis longtemps partent en courant. La moitié rejoignent Die Linke (la Gauche), qui est évidemment discréditée par la grande coalition. Mais le SPD tremble, et elle a raison de trembler. Combien de pauvreté faut-il encore pour que les gens se réveillent ?

    Merci aussi pour ton idée de faire un billet sur la SCHUFA. En tout cas, plusieurs billets sur la violation croissante de la sphère privée en Allemagne sont prévus, (La rétention des données, la surveillance dans le cadre du paragraphe 129a et d’autres sujets), donc toutes les suggestions sont bienvenues. Un des premiers à ne plus avoir de secret bancaire a été – le chômeur. Aujourd’hui, la Bundesagentur für Arbeit peut, sans autorisation d’un juge, avoir accès à la totalité des renseignements bancaire d’un demandeur d’emploi sans que celui-ci en soit informé. Le chômeur est d’abord un être suspect, et seulement une intrusion sans gêne dans sa vie privée peut le disculper de sa culpabilité présupposée. Ce sont encore et toujours les pauvres qui trinquent en premier. Souvent, lors d’une première demande d’une allocation ALG2 (allocation de chômage dans le cadre de Hartz4), le conseiller demande les extraits du/des compte(s) bancaire(s) des six derniers mois, malgré le fait que ce soit complètement illégal. Le demandeur d’emploi peut toujours protester ou porter plainte, pendant ce temps il n’aura rien, d’où un nombre infime de personnes qui s’y opposent. Heureusement il y a des « poches de résistance » comme le Erwerbslosenforum , que beaucoup aimerait voir disparaître. Il gêne. J’ai envie d’écrire sur ces poches de résistance, qui n’ont pas de voix dans les médias sauf sur internet. À mon avis, il est important que l’information des injustices sociales et de ses résistances dépasse les frontières, car elle ne sont pas un phénomène national.

  6. Marie-H dit :

    Bonjour Stephan,
    Tu souhaites connaître le motif de licenciement de mes trois collègues néerlandais, eh bien voilà:
    - OFFICIELLEMENT: la parade est vraiment trop belle pour ne pas être citée en exemple. Donc, étant donné que l’entreprise dans laquelle je travaille embauche ses collaborateurs par le biais de CDD de 1 renouvelable une fois et ensuite, normalement un CDI, et que la durée légale de la période d’essai est de 6 mois en Allemagne, le motif était donc pour 2 collègues, encore en période d’essai, un licenciement sans motif – comme cela cela peut se faire en France. Pour le 3ème qui était presque arrivé au bout de sa première année de CDD, le motif était, bien évidemment, un non-renouvellement du contrat, sans réelle motivation à donner, sans justification légale – comme en France là-aussi.
    -OFFICIEUSEMENT: les 3 personnes en question se sont érigées contre le droit suprême du manager: elles se sont plaintes de devoir effectuer des tâches qui ne sont pas en accord avec le niveau d’embauche ( service mitarbeiter = employé non-qualifié de seconde zone en Allemagne) et le niveau de rémunération ( 1400 euros bruts = 1090 eur nets par mois pour 40h/sem avec des horaires d’équipe) à savoir des traductions techniques . Evidemment, cela ne plaît pas du tout aux dirigeants de notre entreprise: voyons ! les employés sont là pour effectuer toutes les tâches demandées même si ces dernières sont d’une extrême difficulté et font partir d’une catégorie de salaire bien supérieure à celle qui est donnée en contrepartie. Ainsi, le fait d’utiliser l’aide du Betriebsrat ( style de mini comité d’entreprise voté par les salariés mais qui n’a pas réellement de pouvoir) leur a valu le licenciement manu militari. Et le série continue puisque les autres collègues qui en signé la pétition, se retrouvant en fin de CDD bientôt, vont être tout simplement licenciés sans motif autre que la fin de contrat.
    Il faut également que vous sachiez que cette pétition n’avait aucune valeur légale devant un tribunal puisqu’elle n’était pas accompagnée directement des noms et prénoms des signataires. Or notre manager et sa vile collaboratrice n’avaient apparemment rien d’autre à faire de leur journée que de comparer les signatures avec celles des contrats de travail! Je vous incite à réfléchir sur ce fait : tous les signataires du document en question seront licenciés dans les mois à venir sauf 1! moi ! Etant donné que je me méfiais de notre dirigeante, j’ai signé le document avec ma signature de carnet de chèques et non celle officielle; ils n’ont jamais trouvé qui avait signé!
    Stephan, je peux te faire parvenir tous les documents par email, si tu veux agrémenter ta base de données.
    Ceci dit, je continue à me battre contre ce type d’esclavage moderne à mon échelle et j’ai commencé des recherches d’emploi dignes de ce nom.
    Autre chose: le gens, ici, commencent à réfléchir à leur propre situation de travailleurs précaires ou sous-payés ( niedriglohn =Un bas salaire est défini comme inférieur aux deux tiers du salaire médian de l’ensemble des salariés. à plein-temps) et ont, d’ailleurs, été assez indulgents avec les grévistes de la BVG ( la RATP de Berlin). J’ai été agréablement surprise et, moi, aussi, je me suis rendue à pied ou à vélo à mon travail avec le sentiment que les choses commencent tout doucement à bouger !

  7. [...] Les conditions d’obtention des ce RMI allemand sont plutôt humiliantes, exemples (source : Les dessous de l’Allemagne) [...]

  8. [...] Les conditions d’obtention des ce RMI allemand sont plutôt humiliantes, exemples (source : Les dessous de l’Allemagne) [...]

  9. hana dit :

    PUREE QUEL HONTE LES LE TRUC DES DROITS DE L HOMME NE FAIT RIEN SERIEUX,? JE NE PENSAIS PAS QUE L ALLEMAGNE ETAIT COMME CA QUANT JE VOIS CA JE ME DIS QUE LA FRANCE EST UN PAYS QUI RESPECTE CES RMISTES ET ON A PLEIN DE DROITS EN FRANCE QUANT ON EST CHOMEUR SERIEUX L ALLEMAGNE ACTUEL C EST PIRE QUE LE REGIME NAZI LA ILS DEVRAIENT FAIRE UNE REVOLUTION§